Le 7 février 2024, NioBay a signé une convention d’option définitive avec Vior Inc. en vue d’acquérir un intérêt indivis de 80 % dans le Projet Foothills de Vior, qui présente un fort potentiel pour la découverte de métaux critiques et stratégiques. Les zones d’intérêt sont principalement situées sur les propriétés du Séminaire de Québec. Des échantillons à teneur élevée en phosphate, élément nouvellement ajouté dans la liste des métaux critiques et stratégiques du Québec, ont été prélevés sur le site à l’été 2023.
Le projet couvre une superficie d’environ 285 km2 et comprend cinq blocs de claims distincts. Il couvre la majeure partie du contact de la zone intrusive connue sous le nom d’anorthosite de Saint-Urbain. Cette zone a démontré la présence de rutile-ilménite avec des résultats allant jusqu’à 57% de dioxyde de titane (TiO2), ainsi que de l’apatite (Note : Vior se réfère au phosphate). Des 139 échantillons d’affleurement prélevés, 67 contiennent des valeurs de P2O5 de 4,0 à 6,3 %, et des échantillons de blocs rocheux révèlent une minéralisation historique à plus haute teneur de plus de 10 % de P2O5 (Sigeom, QC). L’objectif de ce projet est clair : trouver une zone homogène, appuyée par un calcul de ressources et ainsi prouver le potentiel minéral de ce secteur.
Les gisements d’ilménite de Saint-Urbain sont connus depuis le début de la colonisation. Dès 1665, Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France, charge un certain Cailhaut de la Tesserie (plus tard Seigneur de la Chevrotière, alias Deschambault) d’explorer la Vallée du Gouffre.
Bien que la Commission géologique du Canada s’intéresse aux mines de fer de Saint-Urbain en 1849 et 1863, ce n’est qu’en 1872 que la Canadian Titanic Iron Company entreprend l’exploitation de la mine Furnace pour alimenter les hauts-fourneaux construits à environ 1 km à l’est. Trois puits seront exploités sur la concession de la compagnie, tous reliés au complexe métallurgique par le chemin de mine. Cependant, l’aventure du Canadian Titanic Iron s’arrête brutalement en 1874, avec la faillite de la compagnie.
Les mines de Saint-Urbain sont relancées entre 1906 et 1914. Une nouvelle compagnie, Baie-Saint-Paul Titanic Iron, est fondée en 1908. Les mines J. Bouchard et General Electric sont mises en exploitation vers 1911. La Première Guerre mondiale éclate en 1914 et les préoccupations se tournent vers l’Europe, ce qui ralentit l’intérêt pour les petites mines éloignées des centres industriels.
La période 1920-1945 connaît encore une certaine activité minière, mais elle est sporadique. En 1924, la Titanic Iron de Baie St-Paul est toujours active et expédie du minerai à la Titanium Alloys Co. de Niagara Falls. La mine General Electric est également toujours en activité et plusieurs tonnes sont extraites en 1941. La mine de Coulombe commence à être exploitée à cette époque. La société DuPont s’intéresse également à l’ilménite de Saint-Urbain et est active dans les années trente. L’exploitation se poursuit pendant la guerre de 1939-1945 et les hommes qui y travaillent sont exemptés du service militaire, leur travail étant considéré comme essentiel à l’effort de guerre. Durant cette période, environ 20 000 tonnes d’ilménite ont été extraites et expédiées aux chutes du Niagara.
Un autre renouveau des mines de fer de Saint-Urbain s’amorce à la fin des années 1950 avec la création de la Continental Titanium Corporation. Active de 1957 à 1965, cette entreprise construit un laboratoire pour assurer le contrôle de la qualité du minerai.
En 1970, la Société québécoise d’exploration minière (SOQUEM) effectue des travaux d’exploration à Saint-Urbain, sans grand succès. Au printemps 2015, Vior a lancé une campagne de prospection géophysique afin de préciser le potentiel minéral, dans l’espoir de trouver un gisement économiquement viable.
En février 2024, Métaux NioBay inc. a signé une convention d’option pour acquérir tous les titres miniers de Vior sur le projet Foothills. L’objectif est double : localiser un gisement de rutile à valeur économique et, en même temps, déterminer la valeur du phosphate trouvé dans la région.
Le rutile est la forme naturelle la plus courante du dioxyde de titane (TiO2). En 2021, le marché mondial du rutile était évalué à environ 3,9 milliards de dollars US. Le marché devrait enregistrer une croissance annuelle de 5,2 % au cours de la période 2022-2032.
Au milieu de l’année 2023, les prix du dioxyde de titane 98 % CFR USGC se sont établis à 2 500 USD la tonne.
Crédit: Géoparc de Charlevoix
Hauts fourneaux de la Canadian Titanic Iron Company à Saint-Urbain, vers 1873. Les deux hauts-fourneaux mesurent 4 pieds de haut, 13 pieds de diamètre à la base et 9 pieds de diamètre au sommet. Plus loin, on aperçoit les fours à ruche. La mine Furnace se trouve à l’arrière-plan, en haut de la montagne.
Mineurs à la mine Furnace, vers 1873
Voici la distribution des teneurs en TiO2. Les échantillons minéralisés, représentant principalement de l’ilménite massive, ont des teneurs comprises entre 30 % et 45 %, ce qui suggère que la minéralisation est constituée d’hémoilménite. Les échantillons à plus faible teneur sont rares et représentent les quelques couches d’ilménite, de gabbro ou d’anorthosite. Les échantillons inférieurs à 2,5 % de TiO2 sont des témoins de l’anorthosite hôte non minéralisée.